Les fleurs du mal

Qui peut résister à son regard magnétique ? Elle fascine autant qu'elle inquiète mais on peut compter sur elle. Elle est droite et fidèle en amitié. Ses amours sont teintées d'une passion sombre, porté par des forces secrètes : elle est une amoureuse insatiable et elle entraîne ses conquêtes dans un monde attirant et fantasmagorique mais ses relations finissent mal la plupart du temps a cause de son caractère impulsif, agressif et manipulateur. Ce côté instinctivement manipulateur, qui peut traumatiser ceux qui ne sont pas de taille à affronter ce machiavélisme, cette propension à utiliser les faiblesses de ses interlocuteurs pour les déstabiliser, n'est pas l'aspect le plus sympathique de sa personnalité. Même quand elle fait preuve de faiblesse, elle utilise toujours des chemins un peu tordus et elle est extrêmement sujette à la jalousie.
Elle fait dans le grandiose, l'éclatant, le spectaculaire. Non seulement elle s’aime énormément, mais elle a besoin de la reconnaissance des autres : elle ne peut pas satisfaire d'un splendide isolement. Elle met une désarmante bonne foi dans son rôle de dominatrice. Elle aime laisser une trace dans l'existence de ceux qui l’approchent. Faire forte impression renforce sa confiance en elle-même.
Rien ne peut la faire changer d'avis. Elle est une dialecticienne brillante, et elle n'a pas votre pareil pour ramener une discussion à la case départ, sans que l'autre s'en aperçoive. Calculatrice, elle n'est pas dépourvu d'une certaine cruauté.
Orgueilleuse, façon autocrate, si elle se laisse aller à ses tendances impérialistes, elle est sujette à des colères en forme d'ouragans, balayant tout ce qui se trouve à sa portée et causant des dégâts notables dans son environnement. Son complexe de supériorité pourrait la couper du monde, sauf qu'il se double d'une générosité absolument admirable, parce que ses sentiments volent très haut. C'est son côté magnanime. Elle ne sait rien faire petitement. La médiocrité lui est inconnue.
Elle est d’une intelligence tranchante, dotée d’une extraordinaire finesse d'analyse, et d’une énergie exacerbée. Elle est de plus capable de se lancer à corps perdu dans des réalisations spectaculaires. Son intuition peut l’aider dans tout ce qui amène à fouiller dans l'intellect des autres sans utiliser sa faculté spéciale. Tout ce qui donne de l'emprise sur les autres trouve ainsi grâce à ses yeux, dont le magnétisme est légendaire. Rien ne lui fait peur, le danger a des côtés vertigineusement attirants pour elle.
Son obsession, c'est de montrer sa réussite au monde entier. Tout ce qui fait appel au raffinement et au luxe la comble : elle est à l'aise dans l'univers du paraître. Tout ce qui brille devient de l'or dans ses mains.
Dans ses relations avec les autres elle considère toujours l'autre comme le challenger d'un combat, à sublimer ou à piétiner, sans demi-mesures. En l'autre, elle voit davantage un adversaire qu'un partenaire, ce qui ne l’empêche pas de vivre des moments de passion aiguë. Mais c'est dans le conflit qu’elle aime prendre le dessus.
Elle aime dans l'amour qu’on la porte, elle recherche un miroir magique dans les yeux de l'autre, et elle est ébloui de la chance que son partenaire a eue de la rencontrer.

Grace est une fille. Grace est jolie. Grace est maudite. Grace ne sourit plus. Grace l’aime.

Que faire quand on vient d’une grande famille, la famille Delacour, du sommet de la hiérarchie ? Que faire lorsque l’amour d’une vie est mort ? Que faire lorsqu’on aime a en mourir ?

Je dois me confesser mon père. Je dois me laver de mes crime. Ecoutez moi. Je dirais tout. Et je partirai, continuerai ma chasse.

Je suis née le 11 novembre, lorsque la lune se lie avec le sang. Mon cri déchira le ciel, mon destin était scellé. Le pouvoir était ma loi, mon droit, mon choix. Mon père était le pilier de la famille, le centre, il n’était pas bon, son regard était malveillant et toujours posé sur moi. Ma mère était malade, elle était toujours enfermée dans sa chambre et ne sortait jamais. Je n’avais pas de liens fraternels, j’étais seule.
Lors d’une des réunions de famille, celle précédant l’hiver, j’étais dans le cimetière, assise sur une tombe a rêver de bonheur, de sourires lorsque un enfant s’approcha de moi et me prit la main. Sa main était si douce, si chaude et son sourire était si franc. J’avais 6 ans et j’aperçu le premier rayon de soleil de ma vie et le plus beau. Je lui répondis timidement par un rictus, c’était si dur de bouger les lèvres, si dur de laisser apparaître mes dents, mais c’était si bon. Il s’appelait Raphaël, il avait 7 ans et je l’aimais dès cet instant.
Je haïssais ma famille, mon existence, ma solitude ne faisait qu’accentuer ma haine. A l’age de 12 ans, je maniais toutes les armes, faut d'amis et grace a la haine enfoui en moi. Mes pouvoirs et mes armes m’assurent la victoire. Un jour je les tuerais tous. Un par un, jusqu’au dernier. Je deviendrai le chef de notre famille, j’attendrai le sommet. Pour que notre amour devienne possible. Je changerai les règles. Pour nous.
Ma mère mourut, aucune larme de coula, mon père était toujours aussi indifférent a mon égard et cela me m’attristait pas du tout car il était la. Il me rendait toujours visite dans mon lointain château, il lui était même arrivé de dormir sous ma fenêtre, il avait 16 ans, 10 ans d’amour enfantin. L’age était venu de lui déclarer ma flamme. Ce jour la, mon père était assis tranquillement dans le salon, il se leva brusquement en me voyant et s’approcha de moi. « Ma fille, tu as atteint l’age du mariage, nous devons aller dîner chez la famille Bousquet, ils ont un fils de ton age, tout a fait charmant ». Je ne dis rien, je ne bougeais plus, la vie s’était un instant échappée de mon corps si froid. Mes lèvres murmurent un faible « Non », il s’avança, me frappa violement au visage, et me prit fortement le bras afin de me faire comprendre que je n’avais pas le choix. Si je l’avais.
Il neigeait, je sortis le cœur en peine mais empli d’amour, je me dirigeais vers lui, a pied, dans le froid. Il etait humain, Raphael Windsor, il habitait a une vingtaine de kilomètre de chez moi. Il me fallut un jour entier de marche pour y parvenir. Je tomba au pas de sa porte, je sentis des mains sur mon corps si froid et un baiser sur mes lèvres si chaudes. J’entrouvris les yeux, une main dans la mienne et un regard envoûtant au dessus de moi. Je caressais son cou de mes yeux et leva faiblement la tête et murmura au creux de l’oreille les mots qui brûlaient en moi.

Je t’aime. Plus que tout. Plus que ma vie. Plus que la mort. Je ne veux que toi. Pour moi.

Il ne dit rien. Il me regardait paisiblement. Mon Dieu, que je l’aimais ! La vie sans lui serait un châtiment suprême. Je sentis un corps chaud se collant au mien, il était la, c’était sa réponse. Il m’aimait. Un frisson me parcouru, comme mille aiguilles transperçant mon corps et mon cœur. Il me pris dans ses bras nus et posa ses lèvres sur les miennes. Elles étaient aussi douces que ses mains. Une larme coula. La première de mon existence et c’était une larme de joie. Mon amour, je suis si heureuse près de toi, ne m’abandonne jamais. Je t’en supplie.

Personne ne vint nous voir pendant cette merveilleuse semaine. Mais la sonnette finit par retentir. Mon amour se lève et va ouvrir, il était tellement doux, tellement beau et il était a moi. Il me sourit. Je ne me doutais pas que c’était le dernier, que c’était la dernière image de lui le regard pétillant et en vie. Il sortit de notre chambre. J’ai bien dit notre. Une odeur monstrueuse et allechante monta en moi. Je connais bien cette odeur si plaisante, si familiere. Je reste pétrifié dans le lit, le sang figé, le regard vide. Je me décide a affronter les choses et me lève lentement. J’ouvre la porte, le sol est rouge, rouge sang. C’est l’odeur de son sang. Je m’écroule dans cette mare d’amour et de haine et pleure toute les larmes de mon corps. Ma langue lèche le sol, lèche ce qu’il reste de lui. Lèche le destin. C'est trop tard. Il ne reviendra plus.
Je sais qui a fait ça. Le patriarche bien sur.
Ma langue passe lentement sur mes lèvres. Son odeur, sa vie coule maintenant dans mes veines. Il m’a abandonné. Je le hais. Lui aussi. Je vous hais tous. Et je répète, je vous tuerais tous.

Le printemps de mes 18 ans arriva. Le cœur haineux et le sourire au lèvre, le sang coula. Le rouge était sur mes lèvres, le sang de père était si bon, si pur. Je m’en délectait le regard pétillant. Au tour de ma chère famille. Je me considérais maintenant comme étant une traitre a son rang. Je ferais couler le sang de ma propre race. Trahison. Peut être mais cela m’était totalement égal. La ligné de père était dorénavant morte. Il ne restait plus que mes cousines. Constance et Siena Delacour, toutes deux ennemies et jumelles. Mais je découvris qu’elles n’étaient plus de ce monde. Elles s’étaient entretuées. J’avais tellement envie de sang, de le voir couler. Il coula effectivement au plus grand désespoir de mes confrères, les vampires. Je voulais être la dernière de notre race illustre qui perdurait depuis des millénaires, la seule et l’unique. Mes mains étaient devenues meurtrières. Je ne voyais plus le bonheur, je ne connaissais que la souffrance.
En cavale, je demeurais quelques jours dans une sinistre maison a l’odeur de sang non humain, elle était sordide et dégageait une profonde tristesse. J’aperçu un jeune homme, une bouteille d’alcool a la main et le regard lointain. Il était beau, c’était vampire vieux de plus de 500 ans, j’avais déjà entendu parler de son histoire tout aussi tragique. Il avait perdu toute sa famille et sa fiancée, son frere était a l’origine de ce carnage, depuis, il restait la le cœur en peine et la seringue au bras. Un vampire adepte des illusions, c’était plutôt rare. Mais moi, il me fascinait. Il tourna lentement la tête vers moi, ne sourit pas, ne pleura pas, il me tendit simplement la main. Comme Lui. Ce geste me fit perdre la tête. Je rigolais aux éclats. Je m’approcha de lui et sans un regard pour ce détritus si charmant, je pris la seringue qu’il tenait mollement et lécha l’aiguillon. Le désespoir était entre mes mains. Il souriait de ses yeux verts, il avait une compagne dans sa solitude, dans son paradis infernal. Une passion naquit entre nous, entre lui et moi, entre la drogue et moi, entre le sexe et lui. Nos vies étaient concentrées dans ce château, dans ce sous-sol miteux. Lorsque je sortais voir le soleil ou la lune c’était pour chasser les monstres que nous sommes, pour nous procurer des substances ou bien pour terrifier quelques stupides humains dans des motels de secondes classes. Que de plaisirs, que de folies ! Nate n’était pas ce que l’on pouvait appeler un homme sympa, il pouvait être brutal, mauvais mais une seringue le rendait doux comme un agneau.J’allais me consoler auprès des humains que je croisais, ils sentaient si bons, ils étaient si ignorants, si cons. J’irais en Enfer. Oui et j’aimerais sûrement cela. Les humains mourraient de mes mains et les vampires pleuraient sous mes yeux. Quel spectacle ! Crime, Drogue, Désespoir. C’était tout. Je suis une salope, tu es un salop, nous sommes tous des pauvres putains de cons en ce monde, je les sauverai tous en les tuant, en les menant vers le néant, je suis Dieu et la Mort. Je suis Grace Delacour.